L'ACCOMPAGNEMENT DE FIN DE VIE I

CONSEILS DU COEUR SUR L’AIDE AUX MOURANTS 

 

Dans un centre de soins palliatifs que je connais, Emily, une femme de près de soixantes-dix ans, mourait d’un cancer du sein. Sa fille venait la voir chaque jour et il semblait y avoir entre les deux femmes une relation heureuse. Pourtant, après le départ de sa fille, Emily allait presque toujours s’asseoir à l’écart et pleurait. On finit par en découvrir la raison : la fille refusait complètement d'accepter l’aspect inévitable de la mort de sa mère, et passait même son temps à l’encourager à “penser positivement, espérant qu’ainsi son cancer guérirait. Devant cette attitude, Emily n’avait d’autre recours que de garder pour elle ses pensées, ses peurs profondes, sa terreur et son chagrin ; elle n’avait personne avec les partager, personne pour l’aider à les examiner, à comprendre sa vie et à trouver dans sa mort une signification apaisante. 

L’essentiel dans la vie est de parvenir à établir avec autrui une communication sincère et exempte de peur. Et, comme me le montra Emily, cela est d’autant plus important que la mort approche. 

Lors d’une première visite, il arrive souvent que la personne en fin de vie, ne connaissant pas vos intentions à son égard, ressente de l’insécurité et garde une certaine réserve. Ne vous attendez donc pas à ce que quelque chose d’extraordinaire se produise, contentez-vous de rester naturel et détendu, soyez vous-même. Souvent, les mourants n’expriment pas clairement leurs désirs ou leurs pensées, et les proches ne savent que dire ni que faire. Il est difficile de découvrir ce qu’ils voudraient essayer de dire - ou parfois de cacher. Eux-mêmes d’ailleurs ne le savent pas toujours. C’est pourquoi la première chose à faire est de décharger l’atmosphère de toute tension, avec autant de naturel et de simplicité que possible. 

Une fois la confiance établie, l’atmosphère se détendra ; la personne mourante pourra alors évoquer ce qui lui tient vraiment à cœur. Encouragez-la chaleureusement à exprimer, en toute liberté, les pensées, les peurs et les émotions qu’elle ressent à propos de l’imminence de sa mort. Pouvoir exposer ses émotions, honnêtement et sans dérobade, est crucial à toute possibilité de transformation - si l’on veut se mettre en accord avec sa vie et mourir en paix. Vous devez lui donner une totale liberté, lui accorder votre entière permission de dire tout ce qu’elle désire exprimer. 

Lorsqu’elle parvient à partager avec vous ses sentiments les plus intimes, faites en sorte de ne pas l’interrompre, la contredire ou minimiser ce qu’elle dit. Les malades en phase terminale ou les mourants n’ont jamais, de toute leur vie, été aussi vulnérables et vous devrez faire appel à tout votre tact, à toutes vos ressources de sensibilité, de chaleur et d’amour compatissant si vous voulez qu’ils puissent se confier. Apprenez à écouter, apprenez à recevoir en silence, dans ce silence calme et ouvert qui leur permettra de se sentir acceptés. Restez aussi détendu que possible, soyez à l’aise ; demeurez ainsi auprès de votre ami ou de votre parent, comme si vous n’aviez rien de plus important ni de plus agréable à faire. 

J’ai découvert que, comme dans toutes les situations graves de la vie, deux qualités sont extrêmement utiles : le bon sens et l’humour. L’humour possède le remarquable pouvoir d’alléger l’atmosphère ; il permet de replacer le processus de la mort dans sa véritable perspective universelle, et de briser l’intensité et le caractère par trop solennel de la situation. Utilisez-le donc avec toute l’habileté et la délicatesse dont vous êtes capable. 

Ma propre expérience m’a également permis de découvrir qu’il est essentiel de ne pas prendre les choses trop personnellement. Alors que vous vous y attendez le moins, une personne à l’approche de la mort peut faire de vous la cible de toute sa colère et de tous ses reproches. Comme le dit Elisabeth Kübler-Ross, colère et griefs “peuvent être envoyés dans toutes les directions et projetés sur l’entourage, parfois presque au hasard”. Ne vous imaginez pas que la fureur ainsi exprimée vous soit personnellement destinée. Comprenez qu’elle est surtout provoquée par la peur et le chagrin ; vous éviterez ainsi d’y réagir d’une manière qui pourrait s’avérer préjudiciable à la relation. 

Parfois, vous pouvez être tenté de prêcher votre propre foi ou de proposer au mourant votre idéologie spirituelle. Écartez absolument cette tentation, surtout si vous avez le sentiment que ce n’est pas ce qu’il veut ! Nul ne souhaite être “sauvé” par la croyance de quelqu’un d’autre. Rappelez-vous que votre tâche n’est pas de convertir qui que ce soit à quoi que ce soit, mais d’aider la personne en face de vous à découvrir en elle sa force, sa confiance, sa foi et sa spiritualité propres, quelles qu’elles soient. Bien sûr, si elle est réellement ouverte aux questions d’ordre spirituel et souhaite vraiment connaître votre point de vue, ne le lui cachez pas non plus. 

N’exigez pas trop de vous-même, ne vous attendez pas à faire des miracles ou à “sauver” la personne mourante. Cela ne vous vaudra que des déceptions. Les gens meurent comme ils ont vécu, fidèles à eux-mêmes. Si vous désirez qu’une communication réelle s’établisse, vous devez faire un effort conscient pour accepter la personne sans réserve, pour la voir en fonction de sa vie, de son caractère, de son passé et de son histoire. Ne vous désolez pas non plus si votre aide semble avoir très peu d’effet et reste sans réponse. Nous ne pouvons connaître les conséquences profondes du soutien que nous apportons. 

TÉMOIGNER D’UN AMOUR INCONDITIONNEL

Ce dont une personne au seuil de la mort a besoin, c’est qu’on lui manifeste un amour inconditionnel et libéré de toute attente. n

Ne pensez pas qu’il vous faille en aucune façon être un expert. Soyez naturel, soyez vous-même, soyez un ami véritable ; la personne sera réconfortée en vous sachant ainsi totalement proche, communiquant avec elle sur un pied d’égalité, d’être humain à être humain, en toute simplicité. 

Je vous ai dit : “Témoignez au mourant un amour inconditionnel.” 

Mais dans certaines situations, cela est loin d’être facile. Peut-être y a-t-il entre la personne et nous tout un passé de souffrance ; la façon dont nous avons agi envers elle autrefois peut nous avoir laissé un sentiment de culpabilité à son égard, ou bien nous éprouvons du ressentiment et de la colère en raison de sa conduite envers nous. 

J’aimerais vous présenter ici deux moyens très simples qui vous permettront de libérer votre amour pour la personne en fin de vie. 

Mes étudiants qui assistent les mourants, et moi-même, en avons vérifié toute l’efficacité. Tout d’abord, considérez cette personne qui est là devant vous comme s’il s’agissait de vous-même : elle a les mêmes besoins, le même désir fondamental de connaître le bonheur et d’éviter la souffrance, la même solitude, la même peur de l’inconnu, les mêmes zones secrètes de tristesse, les mêmes sentiments d’impuissance à peine avoués. Si vous faites réellement cela, vous verrez votre coeur s’ouvrir à l’autre et l’amour sera présent entre vous.

Le deuxième moyen, que je trouve encore plus efficace, est de vous mettre directement et résolument à sa place. imaginez-vous vous-même sur ce lit, confronté à votre propre mort. Imaginez que vous êtes là, seul, et que vous souffrez. posez-vous alors vraiment ces questions : de quoi aurais-je le plus besoin ? Qu’est-ce qui me ferait le plus plaisir, qu’aimerais-je vraiment de l’ami en face de moi ?

Si vous faites ces deux pratiques, vous découvrirez sans doute que ce que la personne mourante désire est ce que vous même désireriez le plus : être réellement aimé et accepté.

J’ai souvent remarqué aussi que les malades graves éprouvent un grand désir d’être touchés, d’être traités comme des personnes à part entière, et non comme des individus en mauvaise santé. 

Vous pouvez leur procurer beaucoup de réconfort en leur prenant simplement la main, en les regardant dans les yeux, en les massant doucement au même rythme qu’elles. 

Le corps a sa manière propre d’exprimer l’amour. Utilisez sans crainte son langage : vous apporterez aux mourants apaisement et réconfort. 

Nous oublions souvent que le mourant est en train de perdre la totalité de son univers : son foyer, son travail, ses relations, son corps et son esprit. Il perd tout à la fois. Toutes les pertes que nous pourrions subir tout au long de notre vie sont réunies, au moment de la mort, en une seule perte accablante. Aussi comment un mourant pourrait-il ne pas éprouver tantôt tristesse, tantôt effroi ou colère ? Elisabeth Kübler-Ross distingue cinq stades dans le processus d’acceptation de sa propre mort : le refus, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. Bien sûr, tout le monde ne passe pas par tous ces stades, ni nécessairement dans cet ordre. pour certains, la route de l’acceptation peut être extrêmement longue et plein d’embûches ; pour d’autres, elle n’aboutira jamais. Notre culture ne nous offre guère de véritable perspective sur nos pensées, nos émotions et nos expériences. Aussi, nombreux sont ceux qui, face à la mort et à son défi ultime, se sentent trahis du fait de leur propre ignorance. Ils en éprouvent une frustration et une colère intenses, d’autant que personne ne semble vouloir vraiment les comprendre, ni comprendre leurs besoins profonds. Cicely Saunders, grande pionnière du mouvement des soins palliatifs en Grande-Bretagne, écrit : “Un jour, j’ai demandé à un homme qui se savait mourant ce qu’il attendait avant tout de ceux qui prenaient soin de lui. Il me répondit : “Que quelqu’un ait l’ait d’essayer de me comprendre ! “ Certes, comprendre pleinement autrui est impossible ; mais je n’oublierai jamais que cet homme ne demandait même pas que quelqu’un y parvînt, mais seulement se sente suffisamment concerné pour essayer.”

Il est essentiel de nous sentir “suffisamment concernés pour essayer”, et de savoir réconforter la personne en lui assurant que tout ce qu’elle peut éprouver - frustration ou colère - est normal. A l’approche de la mort resurgissent bien des émotions réprimées jusque-là : tristesse, insensibilité, culpabilité ou même jalousie envers ceux qui sont encore bien portants. Aider la personne à ne pas réprimer ces émotions lorsqu’elles surviennent. Soyez avec elle lorsque s’élèvent les vagues de douleur et de chagrin. Avec le temps, l’acceptation et une compréhension patiente, ces émotions s’apaiseront progressivement, laissant place à un état fondamental de sérénité, de calme et d’équilibre qui est profondément et véritablement le sien. 

N’essayez pas de faire preuve de trop de sagesse ; ne soyez pas constamment en quête de quelque parole profonde. Vous n’avez pas à faire ou à dire quoi que ce soit pour améliorer la situation. Soyez simplement aussi présent que possible. Et si vous ressentez une angoisse ou une peur intenses et ne savez que faire, reconnaissez-le ouvertement en en parlant à la personne et en lui demandant son aide. Cette franchise vous rapprochera et permettra une communication plus libre entre vous. les mourants savent parfois beaucoup mieux que nous ce que nous pouvons faire pour les aider. Apprenons dont à bénéficier de leur sagesse et permettons-leur de partager avec nous ce qu’ils savent. Rappelons-nous, recommande Cicely Saunders, que lorsque nous accompagnons les mourants, nous ne sommes pas les seuls à donner. “Tôt ou tard, tout ceux qui assistent les mourants découvrent, face à leur endurance, à leur courage et souvent même à leur humour, qu’ils reçoivent plus qu’ils ne donnent. Cela, nous devons le leur dire …” En effet, faire savoir au mourant que nous reconnaissons son courage peut souvent être pour lui une source d’inspiration. 

J’ai également découvert combien cela m’aide de me souvenir que la personne au seuil de la mort possède toujours en elle, quelque part, une bonté inhérente. Quelle que soit la fureur, l’émotion qui s’élève - et même si vous êtes momentanément choqué ou horrifié -, le fait de vous centrer sur cette bonté intérieure vous donnera le contrôle et le recul nécessaires pour apporter tout le soutien possible. Lorsque vous vous querellez avec un ami qui vous est cher, vous n’oubliez pas ses bons côtés, faites de même avec le mourant : ne le jugez pas d’après les émotions qu’il manifeste. Votre acceptation lui donnera toute latitude de s’exprimer autant qu’il le souhaite. Traitez les mourants comme s’ils étaient toujours ce qu’ils sont capables d’être parfois : ouverts, aimants et généreux. 

Sur le plan plus profond de la spiritualité, il m’est toujours d’un grand secours de me souvenir que le mourant, qu’il en soit conscient ou non, possède la vraie nature de bouddha et le potentiel d’un éveil total. A mesure que la mort approche, cette possibilité s’accroît de bien des façons. Aussi les mourants méritent-ils d’autant plus attention et respect. 

 

DIRE LA VÉRITÉ

On me demande souvent s’il faut révéler à la personne qu’elle est mourante. Je réponds toujours : “Oui. En y mettant toute la douceur, la bonté, la sensibilité et le tact possibles.” Après toutes ces années passées auprès des malades et des mourants, je partage l’avis d’Elisabeth Kübler-Ross : “La plupart des patients, sinon tous, le savent de toute façon. Ils le sentent par l’attention différente qu’on leur porte, par le comportement nouveau des gens à leur égard, par des voix qui chuchotent ou des bruits qu’on étouffe, par le visage en larme d’un proche ou l’expression sombre et grave d’un membre de la famille qui ne peut dissimuler ce qu’il ressent.”

Je me suis aperçu que, dans bien des cas, le malade sait instinctivement qu’il va mourir mais compte sur les autres - son médecin ou ceux qu’il aime - pour le lui confirmer. S’ils ne le font pas, il pourra croire que les membres de sa famille sont incapables d’affronter cette réalité. Par conséquent, lui non plus n’abordera pas le sujet. Devant le manque de franchise de ses proches, il se sentira encore plus seul et angoissé. J’estime indispensable de dire la vérité au mourant : il mérite au moins cela. Sinon, comment peut-il se préparer à la mort ? Comment peut-il mener à leur terme les relations qui ont tissé sa vie ? Comment peut-il régler les nombreux points pratiques qui lui restent à résoudre ? Comment peut-il aider ceux qui lui survivront à affronter son départ ? 

En tant que pratiquant spirituel, je crois que la mort offre à chacun de nous une magnifique occasion de se réconcilier avec sa vie entière. J’ai vu un très grand nombre de personnes saisir cette opportunité, de façon extrêmement inspirante, pour se transformer et se rapprocher de leur vérité intérieure la plus profonde. Par conséquent, révéler le plus tôt possible à quelqu’un, avec bonté et sensibilité, qu’il est sur le point de mourir, c’est lui donner réellement la possibilité de se préparer, de trouver la source de sa propre force et le sens de sa vie. 

J’aimerais vous raconter ici une histoire que je tiens de Soeur Brigid, une infirmière catholique travaillant dans un centre de soins palliatifs en Irlande. M.Murphy avait environ soixante ans lorsque le médecin lui annonça, ainsi qu’à sa femme, qu’il ne lui restait plus longtemps à vivre. Le lendemain, Mme Murphy se rendit auprès de son mari et ils passèrent la journée à parler et à pleurer. Soeur Brigid, observant le vieux couple, constata qu’ils continuaient à parler et que tous deux fondaient souvent en larmes. Rien n’ayant changé dans leur comportement au bout de trois jours, elle se demanda si elle devait intervenir. C’est alors que, le jour suivant, les Murphy apparurent soudain très paisibles et détendus ; ils se tenaient par la main et se manifestaient beaucoup de tendresse. 

Soeur Brigid retint Mme Murphy dans le couloir et lui demanda ce qui s’était passé entre eux pour expliquer un tel changement d’attitude. Mme Murphy lui confia que, lorsqu’ils avaient appris la mort imminente du mari, ils avaient évoqué toutes les années passées ensemble et de nombreux souvenirs leur étaient revenus en mémoire. ils étaient mariés depuis presque quarante ans et, bien naturellement, éprouvaient énormément de chagrin à l’évocation de tout ce que, jamais plus, ils ne feraient ensemble. M. Murphy avait alors rédigé son testament et adressé des messages d’adieu à ses enfants devenus grands. Tout ceci était terriblement triste, tant il leur était difficile d’accepter ce départ, mais ils persévèrent car M.Murphy tenait à faire tout ce qu’il fallait pour bien terminer sa vie. 

Soeur Brigid me raconta que, pendant les trois dernières semaines de la vie de M. Murphy, le couple rayonna de paix et d’un amour simple et radieux. Même après la mort de son mari, Mme Murphy continua à rendre visite aux malades du centre de soins, leur apportant à tous un grand réconfort. 

À travers cette histoire, je compris à la fois l’importance de révéler la vérité aux mourants dès que possible, et le grand avantage que l’on trouve à affronter honnêtement la douleur de la perte. Les Murphy savaient tout ce qu’ils allaient perdre ; pourtant, en y faisant face avec courage et en portant le deuil ensemble, ils trouvèrent ce que rien ne pouvait leur ravir, un amour profond qui les unissait et qui survivrait à la mort de M.Murphy. 

 

LES PEURS LIÉES À LA MORT

Je suis persuadé que l’une des choses qui aidèrent Mme Murphy à soutenir son mari fut d’avoir affronté en elle-même sa propre crainte de la mort. Vous ne pourrez aider un mourant que lorsque vous aurez reconnu que sa peur de mourir vous perturbe et réveille en vous des peurs très dérangeantes. Assister les mourants, c’est comme se retrouver face au miroir fidèle et implacable de votre réalité. Vous y voyez, mis à nu, le visage de votre propre épouvante et de votre propre terreur de la douleur. Si vous ne regardez pas ce visage, si vous n’acceptez pas l’existence de cette épouvante et de cette terreur, comment serez-vous capable d’en supporter la vision chez la personne mourante ? S’il vous arrive d’assister les mourants, il vous faudra examiner chacune de vos réactions ; en effet, elles se refléteront dans les leurs et auront une grande incidence, qu’elle soit positive ou négative. 

Regarder vos peurs avec honnêteté vous aidera également dans votre propre cheminement vers la maturité. Je pense parfois qu’assister les mourants est peut-être l’une des manières les plus efficaces d’accélerer notre croissance en tant qu’êtres humains. Assister les mourants est en soi une contemplation et une réflexion profonde sur notre propre mort. C’est une manière de la regarder en face et de travailler avec elle. Lorsque vous accompagnez des personnes en fin de vie, vous pouvez parvenir à une sorte de résolution, une compréhension claire de ce qu’est le point essentiel de l’existence. Apprendre réellement à aider ceux qui vont mourir, c’est commencer à nous libérer de nos craintes et à devenir responsables de notre propre mort. C’est également trouver en nous le germe d’une compassion sans limite que nous n’avions peut-être jamais soupçonnée. 

Prendre conscience de nos propres peurs devant la mort nous sera d’un grand secours pour percevoir celles du mourant. Imaginez simplement, profondément, ce que ces peurs pourraient être : peur d’une souffrance physique grandissante et incontrôlable, peur de la souffrance morale, peur de la déchéance, peur de la dépendance, peur d’avoir vécu en vain, peur d’être séparé de ceux que nous aimons, peur de perdre le contrôle de soi et peur de perdre le respect d’autrui. Peut-être notre plus grande peur est-elle la peur de la peur elle-même, dont l’emprise grandit à mesure que nous essayons de lui échapper. 

Éprouver de la peur, c’est souvent se sentir seul, abandonné, oublié de tous. Par contre, si quelqu’un vient vous tenir compagnie et vous exprime ses propres craintes, vous réalisez que la peur est un sentiment partagé par tous les êtres humains. Alors, le caractère aigu de la souffrance individuelle s’estompe. Les peurs reprennent leur dimension humaine et universelle. Vous êtes désormais capable de plus de compréhension et de compassion, et pouvez envisager vos propres peurs d’une façon bien plus positive et inspirante. 

A mesure que vous affronterez vos propres craintes et parviendrez à les accepter, vous serez de plus en plus sensibilisé à celles de la personne en face de vous. Vous verrez alors grandir en vous l’intelligence et l’intuition qui vous permettront de l’aider à exprimer librement ces craintes, à les affronter puis à commencer à les dissiper habilement. Car le fait d’avoir affronté vos peurs vous rendra plus compatissant, courageux et lucide, mais également plus habile. Cette habileté vous permettra de découvrir toutes sortes de manières d’aider les mourants à se comprendre et à faire face à eux-mêmes. 

Nous éprouvons tous de l’angoisse à l’idée d’avoir à supporter une douleur accablante durant le processus de la mort. C’est pourtant l’une des craintes que l’on peut aujourd’hui dissiper le plus aisément. J’aimerais que chacun dans le monde sache que cette anxiété est désormais inutile. La douleur physique devrait être réduite à son minimum : la mort comporte en effet suffisamment de souffrance sans cela. Je connais bien le centre de soins palliatifs de Saint Christopher’s à Londres, où certains de mes étudiants ont terminé leur existence. Une étude y fut menée et montra que quatre-vingt-dix-huit pour cent des patients peuvent connaître une mort paisible s’ils reçoivent les soins appropriés. Le mouvement des soins palliatifs a développé une grande diversité de moyens pour apaiser la douleur, en combinant différentes médications qui ne sont pas uniquement des produits narcotiques. Les maîtres bouddhistes parlent de la nécessité de mourir consciemment, dans une maîtrise totale, et l’esprit aussi lucide, clair et serein que possible. La condition préalable pour y parvenir est de réduire la douleur à son minimum sans pour autant embrumer la conscience du mourant. Ceci est actuellement possible et chacun devrait être en droit de recevoir ce soutien élémentaire, lors de ce moment de transition éprouvant entre tous. 

 

LES AFFAIRES NON RÉGLÉES

La personne en fin de vie éprouve souvent une autre angoisse, celle de laisser derrière elle des “affaires non réglées”. Les maîtres nous disent que nous devrions mourir paisiblement, “sans saisie, désir ou attachement”. Cela n’est pas pleinement réalisable tant que les affaires en cours de la vie présente ne sont pas, dans la mesure du possible, réglées. Vous découvrirez parfois que, si les gens s’accrochent à la vie, redoutent de lâcher prise et de mourir, c’est parce qu’ils ne se sont pas réconciliés avec ce qu’ils ont été, ni avec ce qu’ils ont fait. Et lorsque quelqu’un meurt en entretenant une culpabilité ou un ressentiment envers autrui, le chagrin de ceux qui lui survivent n’en est que plus profond. 

On me demande parfois : “ N’est-il pas trop tard pour guérir les douleurs du passé ? N’y a-t-il pas eu trop de souffrance entre mon ami - ou parent - au seuil de la mort et moi-même pour qu’une réconciliation soit possible ?” Je suis persuadé, pour en avoir fait l’expérience, qu’il n’est jamais trop tard ; même après avoir connu d'innombrables souffrances et querelles, il est toujours possible de trouver une manière de se pardonner mutuellement. Le moment de la mort, par sa grandeur, sa solennité et sa finalité, offre à chacun l’occasion de réexaminer toutes ses attitudes et d’être plus ouvert et plus enclin au pardon, ce qui auparavant n’eût pas été envisageable. Jusqu’aux derniers instants de la vie, les erreurs de l’existence peuvent être réparées. 

Il existe une méthode pour aider à régler les conflits non résolus, que mes étudiants assistant les mourants et moi-même trouvons très efficace. Issue à la fois de la pratique bouddhiste qui consiste à se mettre à la place d’autrui, et de la technique Gestalt, cette méthode a été élaborée par l’une de mes premières étudiantes, Christine Longaker, qui s’est intéressée au domaine de la mort et de l’aide aux mourants à la suite du décès de son mari, emporté par une leucémie. Habituellement, un conflit non résolu est le résultat d’un blocage dans la communication entre deux personnes. Lorsque nous avons été blessés, nous restons souvent sur la défensive et nous nous enfermons dans notre certitude d’avoir raison, refusant aveuglément de considérer le point de vue de l’autre. C’est là non seulement une attitude stérile, mais qui exclut en outre toute possibilité d’un échange réel. Aussi, lorsque vous faites l’exercice suivant, débutez-le avec la ferme détermination de faire émerger toutes vos pensées et émotions négatives afin d’essayer de les comprendre, de travailler avec elles et de les résoudre pour pouvoir, enfin, les abandonner. 

Visualisez en face de vous la personne avec laquelle vous êtes en conflit. Voyez-la, en esprit, exactement semblable à ce qu’elle a toujours été. 

Considérez maintenant qu’un réel changement est intervenu et que la personne est beaucoup plus ouverte et prête à entendre ce que vous avez à lui dire. Considérez qu’elle est plus que jamais disposée à regarder honnêtement les choses et à résoudre le conflit qui vous sépare. Visualisez-la avec précision dans ce nouvel état de réceptivité. Cela vous aidera également à sentir vis-à-vis d’elle une plus grande ouverture. Puis, du fond du cœur, ressentez vraiment ce que vous avec le plus besoin de lui dire. Exposez-lui votre problème, exprimez-lui tous vos sentiments, vos difficultés, vos blessures, vos regrets. Partagez avec elle tout ce que vous n’aviez pu, par manque de confiance ou par gêne, lui dire jusque-là. 

Puis prenez une feuille de papier et écrivez ce que vous lui diriez, sans rien omettre. Une fois terminé, commencez aussitôt à noter ce que la personne pourrait vous exprimez en retour. Ne vous arrêtez pas pour réfléchir à ce qu’elle avait coutume de dire : souvenez-vous que, maintenant, telle que vous l’avez visualisée, elle vous a réellement entendu et est plus ouverte. Contentez-vous d’écrire, voyez ce qui vient spontanément ; autorisez mentalement la personne à exprimer, elle aussi, complètement son point de vue sur la question. 

Regardez en vous-même, voyez s’il subsiste encore autre chose que vous aimeriez partager avec elle - d’autres blessures ou regrets du passé que vous avez tus ou que vous n’avez pas su formuler. De nouveau, chaque fois que vous avez exprimé vos sentiments, écrivez la réponse de l’autre en notant simplement tout ce qui vous vient à l’esprit. Continuez ce dialogue jusqu’à ce que vous sentiez réellement que vous ne gardez plus rien en vous, que rien de plus n’a besoin d’être dit. 

Afin de vérifier si vous êtes vraiment prêt à conclure cet échange, demandez-vous sincèrement si vous vous sentez maintenant capable de renoncer de tout coeur au passé. Satisfait par la compréhension et l’apaisement que ce dialogue écrit vous a apportés, êtes-vous réellement capable de pardonner ou de sentir que l’on vous pardonne ? Lorsque vous avez le sentiment d’y être parvenu, n’oubliez pas d’exprimer tout sentiment d’amour ou d’estime que vous auriez pu retenir jusque-là, puis dites adieu. Visualisez maintenant que la personne se détourne de vous et s’éloigne. Et, bien qu’il vous faille la laisser partir, souvenez-vous que vous pouvez garder à jamais dans votre coeur son amour, ainsi que les souvenirs chaleureux des meilleurs aspects de votre relation. 

Pour que cette réconciliation avec le passé soit encore plus totale, trouvez un ami à qui vous puissiez lire le texte de votre dialogue, ou bien, seul chez vous, relisez-le à voix haute. Lorsque vous l’aurez ainsi lu, vous serez surpris de remarquer un changement en vous, comme si votre communication avec la personne avait eu lieu en réalité et que aviez réellement résolu vos conflits avec elle. Par la suite, vous verrez qu’il vous sera beaucoup plus facile de vous ouvrir et de parler à l’autre sans détours de vos difficultés. Et, une fois que vous aurez réellement lâché prise, un changement subtil se produira dans la nature du lien qui vous unit à l’autre. Il n’est pas rare de voir ainsi se dissoudre des tensions installées de longue date. Parfois, chose étonnante, vous pouvez même devenir les meilleurs amis. N’oubliez jamais, comme le disait jadis le célèbre maître tibétain Tsongkhapa, qu’”un ami peut devenir un ennemi, et qu’un ennemi peut par conséquent devenir un ami”. 

 

DIRE ADIEU

Vous ne devez pas seulement apprendre à vous défaire des tensions, mais aussi à vous détacher de la personne qui est en train de mourir. 

Si vous restez attaché, si vous vous raccrochez à elle, cela peut lui causer bien des chagrins inutiles, l’empêcher de se laisser aller et de mourir en paix. 

Parfois, la personne peut se maintenir en vie plusieurs semaines ou même plusieurs mois après la date prévue par les médecins, et les douleurs physiques peuvent devenir insupportables. Christine Longaker a découvert que, pour être capable d’abandonner tout attachement et de partir en paix, le mourant a besoin d’être tranquillisé sur deux points, en termes explicites, par ceux qui l’aiment. il doit d’abord recevoir d’eux l’autorisation de mourir et, ensuite, être assuré qu’ils iront bien après son départ et qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour eux. 

Comment peut-on autoriser quelqu’un à mourir ? Lorsqu’on me pose cette question, je conseille de s’imaginer qu’on est au chevet de l’être cher et qu’on lui dit avec la plus profonde et la plus sincère tendresse : “Je suis ici avec toi et je t’aime. Tu es en train de mourir. Ce qui t’arrive est tout à fait naturel et c’est le sort de chacun d’entre nous. J’aimerais que tu puisses rester ici avec moi, mais je ne veux pas que tu souffres plus longtemps. Le temps que nous avons passé ensemble touche à sa fin et le garderai toujours au plus profond de mon coeur. Laisse-la aller. Je te donne, de tout mon être, la permission de mourir. Tu n’es pas seul à présent et tu ne le seras jamais. Tout mon amour est avec toi.”

L’une de mes étudiantes qui travaille dans un centre de soins palliatifs m’a raconté l’histoire de Maggie, une Écossaise déjà âgée à qui elle avait rendu visite après que son mari fut entré dans le coma. Maggie ressentait une tristesse inconsolable car elle n’avait jamais exprimé son amour à son mari, elle ne lui avait pas dit adieu et elle sentait maintenant qu’il était trop tard. mon étudiante la réconforta en lui disant que, bien que son mari ne semblât plus réagir, peut-être pouvait-il encore l’entendre. Elle avait lu que souvent, bien qu’apparemment inconscients, bien des gens percevaient, en fait, ce qui se passait autour d’eux. Elle conseilla vivement à Maggie de rester auprès de son mari et de lui exprimer tout ce qu’elle souhaitait lui dire. D’elle-même, Maggie n’aurait pas pris cette initiative, mais elle retourna tout de même auprès de son mari et lui rappela les bons moments qu’ils avaient partagés, lui disant combien il lui manquerait et combien elle l’aimait. Pour finir, après lui avoir dit adieu, elle ajouta : “Cela m’est difficile de vivre sans toi, mais je ne veux pas que tu continues à souffrir. Si tu veux t’en aller, c’est bien.” Lorsqu’elle eut terminé, son mari exhala un long soupir et, paisiblement, mourut. 

Ce n’est pas seulement celui qui meurt qui doit abandonner tout attachement, mais également sa famille. Chacun des membres de la famille peut se trouver à un stade différent du processus d’acceptation de la mort et il faut en tenir compte. L’un des résultats les plus intéressants obtenus par le mouvement des soins palliatifs est d’avoir mis en évidence combien il est important d’aider la famille entière à affronter sa douleur et son inquiétude devant l’avenir. Certaines familles se refusent à laisser partir l’être cher sous prétexte que ce serait le trahir et témoigner à son égard de bien peu d’amour. Christine Longaker suggère à ces familles de se mettre à la place du mourant. “Imaginez, leur conseille-t-elle, que vous êtes sur le pont d’un paquebot prêt à appareiller. Sur le quai, vous apercevez toute votre famille et tous vos amis qui agitent la main en signe d’adieu. Vous n’avez pas le choix, vous devez partir ; le paquebot commence déjà à s’éloigner. Quel genre d’adieu, en cet instant, souhaiteriez-vous recevoir de la part de ceux que vous avez aimés ? Qu’est-ce qui vous aiderait le mieux à partir ?”

Même un exercice aussi simple que celui-ci peut aider considérablement les membres d’une famille à trouver, chacun à sa manière, comment faire face à la tristesse des adieux. 

On me demande parfois comment annoncer à un enfant la mort d’un parent proche. Ma réponse est qu’il faut faire preuve de sensibilité mais lui dire la vérité. Ne laissez pas l’enfant avec l’idée que la mort est quelque chose d’étrange ou de terrifiant. Laissez-le participer, autant que possible, à la vie du mourant et répondez franchement à toutes ses questions. La spontanéité et l’innocence de l’enfant peuvent véritablement apporter une douceur, une légèreté, parfois même une certaine note d’humour, dans la douleur qui accompagne la mort. 

Encouragez l’enfant à prier pour la personne qui va mourir. il sentira, ainsi, que lui aussi peut être utile. Ensuite, la mort passée, prenez soin d’entourer l’enfant d’une attention et d’une affection particulières. 

 

VERS UNE MORT PAISIBLE

Lorsque je repense au Tibet et à toutes les morts dont j’ai été le témoin, je suis frappé par le calme et l’harmonie qui les entouraient. Cette atmosphère, hélas, fait bien souvent défaut en Occident. Pourtant, l’expérience que j’ai acquise au cours de ces vingt dernières années m’a montré qu’avec de l’imagination, il est possible de créer un environnement comparable. A mon sens, il serait souhaitable que chacun de nous, autant que possible, puisse mourir chez soi : c’est, en effet, à la maison que la plupart d’entre nous se sentiront le plus à l’aise. La mort paisible préconisée par les maîtres bouddhistes se produira plus facilement dans un environnement familier. Mais si quelqu’un doit mourir à l’hôpital, vous, ses proches, pouvez faire beaucoup pour que sa mort soit aussi douce et inspirante que possible. Apportez-lui des plantes, des fleurs, des reproductions, des photos de ceux qui lui sont chers, des dessins faits par ses enfants ou ses petits-enfants, un magnétophone et des cassettes ou même, si c’est possible, des repas préparés à la maison. peut-être pourriez-vous même obtenir l’autorisation que les enfants lui rendent visite ou que les proches passent la nuit à ses côtés. 

Si la personne mourante est bouddhiste ou si elle a d’autres croyances, ses amis peuvent installer dans sa chambre un petit autel, garni d’images ou de photos inspirantes. je me souviens de la mort d’un de mes étudiants, Reiner, dans un hôpital de Munich. On avait disposé près de lui un autel avec des photos de ses maîtres. J’en fus très ému et je compris que l’atmosphère ainsi créée aidait profondément Reiner. Les enseignements bouddhistes nous recommandent de préparer un autel avec des offrandes lorsqu’une personne arrive au terme de sa vie. La dévotion et la paix de l’esprit que je constatai chez Reiner me firent réaliser à quel point ce moyen est efficace et combien il peut inspirer le mourant à faire de sa mort un processus sacré. 

Lorsque la personne vit ses derniers instants, je vous suggère de demander au personnel de l’hôpital d’éviter de la déranger trop souvent et de cesser tout examen. On me demande fréquemment ce que je pense de la mort dans une unité de soins intensifs. Je dois dire qu’une mort paisible y est très difficile et qu’une pratique spirituelle à ce moment-là s’avère à peine possible. Lors du processus de la mort, le patient ne dispose d’aucune intimité : il est branché à des monteurs et, dès qu’il cesse de respirer ou que son coeur s’arrête de battre, on s’efforce de le réanimer. il s’avère également impossible de ne pas déranger le corps pendant un certain temps après le décès, ainsi que le préconisent les maîtres. 

Si vous le pouvez, essayez de prendre avec le médecin les dispositions nécessaires afin qu’il vous prévienne lorsque tout espoir de rétablissement aura disparu. Demandez alors, si la personne le souhaite, qu’on la transporte dans une chambre privée et qu’on débranche les moniteurs. Assurez-vous que le personnel de l’hôpital connaît et respecte les voeux du patient, particulièrement si celui-ci ne souhaite pas être réanimé. Assurez-vous également qu’on ne déplacera pas le corps après la mort pendant une période de temps aussi longue que possible. Dans un hôpital moderne, il est évidemment impossible de ne pas bouger le corps durant les trois jours qui suivent le décès, comme c’était la coutume au Tibet. Cependant, tout ce que l’on peut préserver de silence et de paix devrait être offert au défunt afin de l’aider à entreprendre son voyage au-delà. 

Essayez également d’obtenir l’assurance que, lorsque la personne entrera vraiment en phase terminale, on interrompra toutes les injections et tous les traitements agressifs de quelque nature qu’ils soient. Ceux-ci peuvent, en effet, provoquer chez le mourant colère, irritation et douleur. Il est absolument crucial, comme je l’expliquerai en détail ultérieurement, que son esprit soit aussi calme que possible dans les instants qui précèdent la mort. 

La plupart des gens meurent dans un état d’inconscience. Un fait que l'expérience de proximité de la mort nous a appris est que les patients qui sont entrés dans le coma ou qui abordent le processus de la mort demeurent bien plus conscients de ce qui se passe autour d’eux que nous ne l’imaginons habituellement. 

Nombreux sont ceux qui, ayant vécu une expérience de proximité de la mort, ont relaté des sorties “hors du corps” ; ils ont pu donner des descriptions remarquablement exactes et précises de leur environnement immédiat et même, dans certains cas, d’autres salles du même hôpital. Cela indique clairement à quel point il est important de parler fréquemment et de façon positive à une personne mourante ou dans le coma. Des soins dévoués, attentifs et diligents doivent lui être prodigués jusqu’aux derniers instants de sa vie et même au-delà, ainsi que je l’expliquerai plus loin. 

L’un des espoirs que je forme avec la publication de ce livre est que, partout dans le monde, les médecins prennent extrêmement au sérieux la nécessité de permettre à toute personne arrivée en fin de vie de partir dans le silence et la paix. 

J’en appelle à la bonne volonté du corps médical et espère ainsi l’encourager à trouver les moyens de rendre cette transition extrêmement difficile de la mort aussi aisée, indolore et paisible que possible. 

Mourir dans la paix est réellement le droit de l’homme le plus fondamental, peut-être plus essentiel encore que le droit de vote ou le droit à la justice. Toutes les traditions religieuses l’affirment : le bien-être et l’avenir spirituel de celui qui meurt dépendent en grande partie de ce droit à mourir dans la paix.

 Il n’est pas de plus grande oeuvre de charité que d’aider quelqu’un à bien mourir. 

 

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