L'ACCOMPAGNEMENT DE FIN DE VIE III

LA BASE DE LA MORT ET DE LA RENAISSANCE 

 

LA BASE

On entend souvent dire : “ La mort est le moment de vérité” ou : “ La mort est le moment où l’on est finalement confronté à soi-même.” Nous avons vu que les personnes ayant vécu une expérience de proximité de la mort relatent parfois que des questions leur étaient posées, tandis que le panorama de leur vie passée se déroulait devant elles : “Qu’as-tu fait de ta vie ?” “Qu’as-tu fait pour les autres ?” Cela met en lumière une chose : à la mort, nous ne pouvons échapper à ce que nous sommes réellement. Que cela nous plaise ou non, notre vraie nature est dévoilée. Mais il est important de savoir que le moment de la mort révèle deux aspects de nous-mêmes : notre nature absolue, et notre nature relative - ce que nous sommes et ce que nous avons été dans cette vie. 

Comme je l’ai expliqué, tous les constituants de notre corps et de notre esprit se défont et se désagrègent au moment de la mort. Tandis que la vie quitte le corps, les sens et les éléments subtils se dissolvent. Il s’ensuit la mort de l’aspect ordinaire de notre esprit, avec toutes ses émotions négatives de colère, de désir et d’ignorance. Finalement, rien ne subsiste pour obscurcir notre nature véritable car tout ce qui, dans la vie, voilait l’esprit d’éveil s’est évanoui. Ce qui est révélé est la base primordiale de notre nature absolue, semblable à un ciel pur et sans nuage. 

C’est ce qu’on appelle l’aube de la Luminosité fondamentale - ou “Claire Lumière” - où la conscience elle-même se dissout dans l’espace de vérité qui embrasse tout. Le Livre des Morts Tibétain dit de ce moment : 

La nature de toute chose est ouverte, vide et nue comme le ciel. Vacuité lumineuse, dénuée de centre ou de circonférence : Rigpa, pur et sans voile, se lève. 

Et Padmasambhava décrit la luminosité en ces termes : 

La Claire Lumière, qui a sa source en elle-même et qui depuis l’origine n’est jamais née, 

Est l’enfant de Rigpa, lui-même sans parents - ô prodige !

Cette sagesse, qui a sa source en elle-même, n’a été créée par personne - ô prodige !

Elle n’a jamais connu la naissance et il n’est rien en elle qui  puisse causer sa mort - ô prodige !

Bien qu’elle soit parfaitement visible, nul pourtant ne la voit - ô prodige !

Bien qu’elle ait erré dans le samsara, nul mal ne lui est advenu - ô prodige !

Bien qu’elle ait vu la bouddhéité même, nul bien ne lui est advenu - ô prodige !

Bien qu’elle existe en chacun et partout, nul ne l’a reconnue - ô prodige !

Et vous continuez cependant à espérer atteindre ailleurs quelque autre fruit - ô prodige !

Bien qu’elle soit la plus essentiellement vôtre, vous la cherchez ailleurs - ô prodige !

Pourquoi cet état est-il appelé “luminosité” ou Claire Lumière ? 

Les maîtres en proposent plusieurs explications. 

Certains disent que ces expressions décrivent la clarté rayonnante de la nature de l’esprit et le fait qu’elle est totalement libre d’obscurité ou de voiles : “libre de l’obscurité de la non-connaissance et douée de faculté cognitive”. 

Un autre maître décrit la luminosité ou Claire Lumière comme un “état de distraction minimale” car tous les éléments, sens et objets des sens ont été dissous. 

Il est important de ne pas la confondre avec la lumière physique que nous connaissons, ni avec les expériences de lumière qui se dérouleront par la suite dans le prochain bardo. La luminosité qui s’élève à la mort est le rayonnement naturel de la sagesse de notre propre Rigpa, “la nature non composée présente dans l’ensemble du samsara et du nirvana”. 

L’aube de la Luminosité fondamentale - ou Claire Lumière - au moment de la mort représente l’occasion de libération par excellence. 

Il est toutefois essentiel de comprendre à quelles conditions cette opportunité nous est offerte. 

Certains auteurs modernes et certains chercheurs travaillant sur la mort ont sous-estimé la portée profonde de ce moment. 

Parce qu’ils ont lu et interprété le Livre des Morts Tibétain sans bénéficier des instructions orales et de l’entraînement qui en expliquent pleinement la signification sacrée, ils l’ont simplifiée à l’extrême et en ont tiré des conclusions hâtives. 

L’une de leurs suppositions est que l’aube de la Luminosité fondamentale est l’éveil.

Sans doute sommes-nous tentés d’assimiler la mort au paradis ou à l’éveil. 

Mais, plutôt que de prendre nos désirs pour des réalités, sachons que le moment de la mort nous offrira une réelle opportunité de libération à la seule condition d’avoir, au préalable, été introduits à la nature de notre esprit - Rigpa - , de l’avoir établie et stabilisée par la méditation, et intégrée à notre vie. 

Bien que nous fassions tous l’expérience spontanée de la Luminosité fondamentale, la plupart d’entre nous ne sont absolument pas préparés à son immensité immaculée, à la profondeur vaste et subtile de sa simplicité nue. 

La majorité d’entre nous n’auront tout simplement aucun moyen de la reconnaître au moment de la mort car ils ne seront pas familiarisés avec les méthodes permettant de la reconnaître dans la vie. 

Ce qui se produira alors est que nous aurons tendance à réagir de façon instinctive, avec toute nos peurs, nos habitudes et notre conditionnement passés, avec tous nos anciens réflexes. 

Même si les émotions négatives peuvent avoir disparu lorsque la luminosité apparaît, les habitudes acquises au cours de notre vie passée persistent toujours, enfouies à l’arrière-plan de notre esprit ordinaire. 

Bien qu’à la mort toute notre confusion disparaisse, notre peur et notre ignorance nous font nous rétracter et nous raccrocher instinctivement à notre saisie dualiste, au lieu de nous abandonner à la luminosité et de nous ouvrir à elle. 

C’est cela qui nous entrave et nous empêche de profiter vraiment de l’occasion de libération que nous offre ce moment crucial. 

Selon les paroles de Padmasambhava : “Tous les êtres ont vécu, sont morts et sont nés à nouveau un nombre incalculable de fois. Ils ont fait, maintes et maintes fois, l’expérience de l’indicible Claire Lumière. Mais parce que l’obscurité de l’ignorance voile leur esprit, ils errent sans fin dans un samsara sans limites.”

 

LA BASE DE L’ESPRIT ORDINAIRE

Toutes ces tendances habituelles qui résultent de notre karma négatif et prennent leur source dans l’obscurité de l’ignorance sont emmagasinées dans la base de l’esprit ordinaire. J’ai longtemps cherché un bon exemple pour aider à décrire cette base. On pourrait la comparer à une bulle de verre transparente, à une très mince pellicule élastique, à une barrière presque invisible ou à un voile qui obscurcit la totalité de notre esprit. Toutefois, l’image la plus utile qui me vienne à l’esprit est peut-être celle d’une porte de verre. Imaginez-vous assis devant une porte de verre menant à un jardin ; vous regardez à travers elle et vous contemplez l’espace. Parce que vous ne pouvez voir la surface du verre, il vous semble qu’il n’y a rien entre le ciel et vous. Vous pourriez même vous cogner contre elle si vous vous leviez pour essayer de la franchir, pensant qu’elle n’existe pas. Mais si vous la touchez, vous verrez immédiatement qu’il y a là quelque chose qui garde l’empreinte de vos doigts, quelque chose qui se trouve entre vous et l’espace extérieur. 

De la même façon, la base de notre esprit ordinaire nous empêche d’accéder à la nature semblable au ciel de notre esprit, même si, pourtant, nous pouvons avoir des aperçus de cette nature. Comme je l’ai déjà dit, les maîtres expliquent qu’il existe un danger pour ceux qui pratiquent la méditation, celui de prendre l’expérience de la base de l’esprit ordinaire pour la vraie nature de l’esprit. Lorsqu’ils reposent dans un état de très grand calme et d’immobilité, peut-être ne font-ils en réalité rien d’autre que demeurer dans la base de l’esprit ordinaire. La différence est la même qu’entre regarder le ciel de l’intérieur d’un dôme de verre et se trouver à l’extérieur, à l’air libre. Nous devons nous échapper complètement de la base de l’esprit ordinaire pour découvrir et laisser entrer l’air frais de Rigpa. 

Par conséquent, le but de toute notre pratique spirituelle - et le moyen de nous préparer réellement au moment de la mort - est de purifier cette barrière subtile, de l’affaiblir progressivement et de la briser. Lorsque vous l’aurez complètement détruite, rien ne pourra s’interposer entre vous et l’état d’omniscience. 

L’introduction à la nature de l’esprit par le maître opère une percée à travers la base de l’esprit ordinaire ; c’est en effet par cette dissolution de l’esprit conceptuel que l’esprit d’éveil est explicitement révélé. Ensuite, chaque fois que nous demeurons dans la nature de l’esprit, la base de l’esprit ordinaire s’affaiblit. Nous nous apercevrons, cependant, que la durée pendant laquelle nous serons capables de demeurer dans la nature de l’esprit dépendra entièrement de la stabilité de notre pratique. Malheureusement, “les vieilles habitudes ont la vie dure”, et la base de l’esprit ordinaire se réinstalle. Notre esprit est comme un alcoolique qui peut renoncer pendant un temps à ses mauvaises habitudes, mais rechute dès qu’il est sollicité ou déprimé. 

De même que la porte de verre conserve toutes les empreintes de nos mains, la base de l’esprit ordinaire recueille et emmagasine tout notre karma et toutes nos habitudes. C’est pourquoi il nous faut sans cesse nettoyer cette vitre, purifier sans relâche cette base. Peu à peu le verre vient à s’user, s’amincissant graduellement ; de petites ouvertures apparaissent alors et il commence à se dissoudre. 

Par notre pratique, nous stabilisant progressivement et de plus en plus la nature de l’esprit, si bien que nons seulement elle demeure notre nature absolue, mais devient notre réalité de tous les jours. Au cours de ce processus, plus nos habitudes se dissolvent et moins il y a de différence entre méditation et vie quotidienne. Peu à peu, nous devenons semblables à une personne qui pourrait accéder directement à son jardin à travers la porte de verre, celle-ci ne lui faisant plus obstacle. Le signe que la base de l’esprit ordinaire s’affaiblit est que nous parvenons, sans effort et toujours davantage, à demeurer dans la nature de l’esprit.

Lorsque l’aube de la Luminosité fondamentale se lève, la question cruciale est alors la suivante : dans quelle mesure avons-nous été capables de demeurer dans la nature de l’esprit, d’unir notre nature absolue à notre vie quotidienne et de purifier notre condition ordinaire en l’état de pureté primordiale ?

 

LA RENCONTRE DES LUMINOSITÉS MÈRE ET FILLE

Il existe une manière de nous préparer parfaitement à reconnaître l’aube de la Luminosité fondamentale au moment de la mort. Ainsi que je l’ai expliqué au chapitre 10 : “l’essence la plus secrète”, il s’agit d’accomplir le niveau suprême de méditation, fruit ultime de la pratique du Dzogchen. On appelle cet état “union des deux luminosités” ou encore “fusion des Luminosités mère et fille”. 

La Luminosité mère est le nom que nous donnons à la Luminosité fondamentale. Elle est la nature essentielle et intrinsèque de toute chose ; elle est sous-jacente à la totalité de notre expérience et se manifeste dans toute sa splendeur au moment de la mort. 

La Luminosité fille, également appelée Luminosité du chemin, est la nature de notre esprit. Cette luminosité, une fois introduite par le maître et reconnue par nous, peut alors être graduellement stabilisée par notre méditation et intégrée toujours davantage dans nos actions. Quand l’intégration est totale, la reconnaissance est totale et nous atteignons la réalisation. 

Bien que la Luminosité fondamentale soit notre nature intrinsèque et la nature de toute chose, nous ne la reconnaissons pas et elle demeure pour nous cachée. J’aime à penser à la Luminosité fille comme à une clé que le maître nous donne pour nous aider, lorsque l’occasion s’en présentera, à ouvrir la porte menant à la reconnaissance de la Luminosité fondamentale.

Imaginez que vous deviez acceuillir une personne à l’aéroport. Si vous ne savez absolument pas à quoi elle ressemble, elle pourra passer juste à côté de vous pendant que vous l’attendez … et vous la manquerez. Par contre, si vous possédez d’elle une bonne photo et en avez à l’esprit une image fidèle, vous la reconnaîtrez dès qu’elle s’approchera de vous. 

Une fois que la nature de l’esprit a été introduite et que vous l’avez reconnue, vous possédez la clé qui vous permettra de la reconnaître à nouveau. Mais, de même qu’il vous faut garder sur vous la photo et la regarder très souvent pour être sûr de reconnaître la personne que vous allez rencontrer à l’aéroport, ains vous faut-il continuer à approfondir et à stabiliser votre reconnaissance de la nature de l’esprit par une pratique régulière. La reconnaissance devient alors si profondément enracinée, elle devient à ce point partie intégrante de vous-même que vous n’aurez plus besoin de photo. Lorsque vous rencontrez la personne, la reconnaissance sera spontanée et immédiate. Ainsi, après avoir pratiqué assidûment la reconnaissance de la nature de l’esprit, vous serez capable de reconnaître l’aube de la Luminosité fondamentale et de vous fondre en elle lorsqu’elle se lèvera au moment de la mort - aussi instinctivement, disaient les maîtres du passé, qu’un petit enfant se précipitant dans les bras de sa mère, de vieux amis se rencontrant, ou une rivière se jetant dans la mer.

Ceci s’avère toutefois extrêmement difficile. La seule manière d’assurer cette reconnaissance est de stabiliser et de parfaire dès à présent la pratique de la fusion des deux luminosités, alors que nous sommes en vie. Seuls l’entraînement et l’effort de toute une vie rendront cette reconnaissance possible. Comme le disait mon maître Dudjom Rinpoché, si nous ne pratiquons pas dès maintenant la fusion des deux luminosités, rien ne permet d’affirmer que la reconnaissance aura lieu spontanément au moment de la mort.

De quelle manière, précisément, la fusion des deux luminosités se produit-elle ? C’est une pratique extrêmement profonde et avancée, et il n’est pas lieu de la décrire ici. Mais l’on peut en dire ceci : quand le maître nous introduit à la nature de l’esprit, c’est comme si nous recouvrons la vue après avoir été aveugles à la Luminosité fondamentale inhérente à toute chose. L’introduction faite par le maître éveille en nous un “oeil de sagesse” qui nous permet de percevoir clairement la véritable nature de tout ce qui se manifeste, la nature de luminosité - de Claire Lumière - de toutes nos pensées et émotions. Imaginez, une fois la pratique stabilisée et perfectionnée, que notre reconnaissance de la nature de l’esprit devient semblable à un soleil qui flamboie continuellement. Des pensées, des émotions continuent à se manifester, telles des vagues d’obscurité. Mais chaque fois que ces vagues déferlent et rencontrent la lumière, elles se dissolvent immédiatement. 

A mesure que nous la développons, cette faculté de reconnaissance devient partie intégrante de notre vision quotidienne. Quand nous serons capables d'intégrer la réalisation de notre nature absolue dans notre expérience de tous les jours, nous aurons davantage de chances de reconnaître réellement la Luminosité fondamentale au moment de la mort. 

La preuve que nous détenons ou non cette clé est la manière dont nous regardons nos pensées et nos émotions lorsqu’elles s’élèvent : sommes-nous capables de les pénétrer directement au moyen de la Vue et de reconnaître leur nature de luminosité intrinsèque, ou bien obscurcissons-nous cette nature inhérente par nos réactions instinctives habituelles ? 

Quand la base de notre esprit ordinaire est totalement purifiée, c’est comme si nous avions détruit l’entrepôt de notre karma et vidé ainsi la réserve karmique de naissances futures. Toutefois, si nous ne sommes pas parvenus à complètement purifier notre esprit, des vestiges d’habitudes passées et de tendance karmiques demeureront dans cet entrepôt du karma. Ils se manifesteront quand des conditions propices se présenteront, nous projetant dans de nouvelles renaissances. 

 

LA DURÉE DE LA LUMINOSITÉ FONDAMENTALE

 

L’aube de la Luminosité fondamentale se lève. Pour un pratiquant, elle durera aussi longtemps qu’il pourra demeurer, non distrait, dans l’état de la nature de l’esprit. Pour la plupart des gens cependant, elle ne dure que le temps d’un claquement de doigts et pour certains, disent les maîtres, “le temps d’un repas”. La grande majorité d’entre nous ne la reconnaissent nullement et plongent dans un état d’inconscience qui peut durer jusqu’à trois jours et demi. C’est à ce moment-là que la conscience quitte finalement le corps. 

Voilà pourquoi, au Tibet, on a coutume de s’assurer que le corps n’est ni touché, ni dérangé durant les trois jours qui suivent la mort. Ceci est particulièrement important dans le cas d’un pratiquant qui peut s’être unifié à la Luminosité fondamentale et reposer alors dans la nature de l’esprit. Je me souviens que chacun prenait grand soin de maintenir une atmosphère silencieuse et paisible autour du corps, surtout quand il s’agissait d’un grand maître ou d’un grand pratiquant, dans le but d’éviter la moindre cause de perturbation. 

Mais, même en ce qui concerne une personne ordinaire, le corps n’est habituellement pas déplacé avant un laps de temps en trois jours, car on ne peut jamais savoir si elle a atteint ou non la réalisation, ni à quel moment la conscience a quitté le corps. On dit que si le corps est touché en un endroit quelconque - si l’on fait par exemple une piqûre - la conscience peut être attirée en cet endroit précis. Il se peut qu’elle quitte alors la personne décédée par l’orifice le plus proche au lieu de sortir par la fontanelle, ce qui lui vaudra une renaissance défavorable. 

Certains maîtres insistent plus que d’autres sur la nécessité de respecter ce délai de trois jours. A strictement parler, il est donc préférable de procéder aux autopsies et aux crémations après ce délai. Toutefois, à notre époque, puisqu’il est souvent difficile, voie impossible, de garder le corps aussi longtemps sans le déplacer, la pratique du p’owa devrait pouvoir être effectuée avant qu’il ne soit touché ou dérangé en aucune façon. 

 

LA MORT D’UN MAÎTRE

Un pratiquant qui a atteint la réalisation continue, au moment de la mort, à reposer dans la reconnaissance de la nature de l’esprit, et s’éveille dans la Luminosité fondamentale lorsque celle-ci se manifeste. Il peut même demeurer dans cet état pendant plusieurs jours. Certains maîtres et pratiquants meurent dans la position de méditation assise, d’autres adoptent la “posture du lion couché”. Outre leur maintien parfait, d’autres signes indiquent qu’ils reposent dans l’état de la Luminosité fondamentale : leur visage conserve une certaine couleur et un certain éclat, leurs narines ne sont pas pincées, leur peau demeure douce et souple, leur corps ne devient pas rigide, leurs yeux conservent, dit-on, une lueur de douceur et de compassion et l’on sent encore une certaine chaleur au niveau du coeur. On prend grand soin que le corps du maître ne soit pas touché, et le silence est maintenu tant qu’il - ou elle - n’a pas quitté cet état de méditation. 

Le grand maître Gyalwang Karmapa, chef de l’une des quatre écoles principales du bouddhisme tibétain, mourut en 1981 dans un hôpital aux États-Unis. Sa bonne humeur et sa compassion constante faisaient de lui une source d’inspiration extraordinaire pour tous ceux qui l’entouraient. Le chirurgien responsable du service, le Dr Ranulfo Sanchez, déclara : 

Personnellement, je ressentais que Sa Sainteté n’était pas un homme ordinaire. Quand il vous regardait, c’était comme s’il vous scrutait à l’intérieur, comme s’il pouvait voir à travers vous. Je fus extrêmement frappé par la façon dont il me regardait et semblait comprendre tout ce qui se passait. Presque tous ceux qui, à l’hôpital, eurent un contact avec lui ont été impressionnés par Sa Sainteté. À de nombreuses reprises, alors que nous croyions sa mort imminente, il nous souriait et nous disait que nous nous trompions, et son état s’améliorait …

Sa Sainteté ne prit jamais aucun médicament contre la douleur. Nous, les médecins, le regardions et comprenions qu’il devait endurer de grandes souffrances. Nous lui demandions alors : “ Souffrez-vous beaucoup aujourd’hui ?” Il répondait : “Non”. Vers la fin, nous savions qu’il percevait notre anxiété et cela devenait un sujet de plaisanterie. Nous lui demandions : “Souffrez-vous ?” et lui répondait, avec son sourire empreint d’une grande bonté : “Non!”

Toutes ses fonctions vitales étaient très faibles. Je lui fis une piqûre … afin qu’il puisse communiquer dans ses derniers moments. Je quittai la chambre pendant quelques minutes alors qu’il conversait avec les tulkus et leur donnait l’assurance qu’il n’avait pas l’intention de mourir ce jour-là. Quand je revins cinq minutes plus tard, il était assis bien droit, les yeux grands ouverts, et il dit d’une voix claire : “ Bonjour ! Comment allez-vous ?” Toutes ses fonctions vitales étaient revenues et, une demi-heure plus tard, il était assis dans son lit, parlant et riant. D’un point de vue médical, ceci est sans précédent. Les infirmières étaient blêmes. L’une d’elles releva sa manche pour me montrer son bras : elle avait la chair de poule. 

Le personnel infirmier remarqua qu’après sa mort, le corps du Karmapa ne subissait pas le processus habituel de rigidité et de décomposition caractéristique, mais semblait demeurer dans l’état exact où il se trouvait au moment de sa mort. Après quelque temps, on se rendit compte que la région du coeur conservait une certaine chaleur. Le Dr Sanchez raconte : 

Je me rendis dans sa chambre trente-six heures environ après son décès. Je tâtai la région du coeur : elle était plus chaude que le reste du corps. Il n’y a à cela aucune explication médicale. 

Certains maîtres expirent dans la posture de méditation assise, le corps se soutenant de lui-même. Kalou Rinpoché mourut en 1989 dans son monastère de l’Himalaya, entouré de plusieurs maîtres, d’un médecin et d’une infirmière. Son disciple le plus proche écrivit : 

Rinpoché essaya de s’asseoir de lui-même, mais il eut de la peine à le faire. Lama Gyaltsen, sentant que le moment était peut-être venu et que ne pas être assis pouvait réellement créer un obstacle à Rinpoché, soutint son dos pour qu’il puisse s’asseoir. Rinpoché me tendit la main et je l’aidai aussi. Il voulait s’asseoir absolument droit, et il le dit et l’exprima par un geste de la main. Le médecin et l’infirmière en furent très contrariés. Aussi Rinpoché relâcha-t-il quelque peu son attitude. Il demeura néanmoins en position de méditation… Plaçant ses mains dans la posture, Rinpoché entra en méditation, les yeux ouverts et le regard tourné vers l’extérieur ; ses lèvres remuaient doucement. Un profond sentiment de paix et de bonheur s’établit alors en nous tous et pénétra nos esprits. Tous ceux d’entre nous alors présents sentirent que ce bonheur indescriptible qui les envahissait n’était que le pâle reflet de ce qui emplissait l’esprit de Rinpoché … Lentement, son regard et ses paupières s’abaissèrent, et sa respiration cessa.

Je me souviendrai toujours de la mort de mon maître bien-aimé, Jamyang Khyentsé Chökyi Lodrö, durant l’été 1959. Pendant la dernière partie de sa vie, il essaya de quitter son monastère aussi peu que possible. Des maîtres de toutes les traditions accouraient à lui pour recevoir ses enseignements, et les détenteurs de toutes les lignées venaient lui demander des instructions, car il était la source de leur transmission. Le monastère de Dzongsar, où il vivait, devint alors l’un des centres d’activité spirituelle les plus vibrants du Tibet, rythmé par les arrivées et les départs de tous les grands lamas. Dans la région, la parole de Jamyang Khyentsé faisait loi. Il était un si grand maître que presque tous les habitants étaient ses disciples, à tel point qu’il avait le pouvoir de mettre fin aux guerres civiles simplement en menaçant de retirer sa protection spirituelle aux combattants des deux camps. 

Malheureusement, l’étau de l’envahisseur chinois se resserrait et la situation dans la province du Kham se détériorait rapidement. Malgré mon jeune âge, je pressentis l’imminence du danger. En 1995, mon maître reçut certains signes lui indiquant qu’il fallait quitter le Tibet. Il se rendit d’abord en pèlerinage aux sites sacrés du centre et du sud du pays puis, afin de réaliser un souhait profond de son propre maître, effectua un pèlerinage aux lieux sacrés de l’Inde, où je l’accompagnai. Nous espérions tous que la situation dans le Tibet oriental  s’améliorerait durant notre absence. Mais, ainsi que je le compris plus tard, la décision de partir de mon maître fut interprétée, tant par de nombreux lamas que par des personnes du commun, comme le signe que le Tibet était perdu. Et cela leur permit de s’échapper à temps. 

Mon maître avait reçu  une invitation de longe date à se rendre au Sikkim, petite contrée himalayenne et l’une des terres sacrées de Padmasambhava. Etant donné que Jamyang Khyentsé était l’incarnation du plus grand saint du Sikkim, le roi de ce pays l’avait prié d’y venir enseigner et, par sa présence, de bénir le pays. Quand ils apprirent que Jamyang Khyentsé s’y trouvait, de nombreux maîtres vinrent du Tibet afin de recevoir ses enseignements, emportant avec eux des écritures et des textes rares qui, sinon, n’auraient peut-être pas été sauvés. Jamyang Khyentsé était le maître des maîtres, et le temple du palais où il résidait redevint un centre spirituel important. A mesure que la situation au Tibet devenait de plus en plus désastreuse, un nombre grandissant de lamas se rassemblait autour de lui. 

On dit parfois que les grands maîtres qui enseignent beaucoup ne vivent pas très longtemps, presque comme s’ils attiraient sur eux tous les obstacles à l'enseignement spirituel. Il existait des prophéties indiquant que, si mon maître avait renoncé à enseigner et s’il avait voyagé anonymement en ermite dans les endroits reculés du pays, il aurait vécu beaucoup plus longtemps. En fait, c’est ce qu’il essaya de faire : lorsque nous quittâmes le Kham pour la dernière fois, il laissa derrière lui toutes ses possessions et partit en grand secret, dans l’intention de faire un pèlerinage et de ne pas enseigner. Mais les gens, où qu’il allât, le priaient de donner des enseignement et des initiations dès qu’ils découvraient son identité. Sa compassion était si grande que, tout en sachant ce qu’il risquait, il sacrifia sa propre vie pour continuer à enseigner. 

Ce fut donc au Sikkim que Jamyang Khyentsé tomba malade, au moment même où nous apprenions la terrible nouvelle de la chute finale du Tibet. Tous les plus grand lamas, les plus importants détenteurs des lignées, arrivèrent l’un après l’autre pour lui rendre hommage. Prières et rituels de longue vie durent effectués nuit et jour. Tous y prirent part. Nous le suppliâmes de continuer à vivre, car un maître de son envergure détient le pouvoir de décider du moment de quitter son corps. Allongé sur son lit, il se contenta d’accepter toutes nos offrandes en riant, et déclara avec un sourire entendu : “D’accord, juste pour que ce soit de bon augure, je vais dire que je vivrai.”

Le premier indice que nous eûmes de sa mort prochaine nous fut donné par Gyalwang Karmapa. Mon maître avait dit au Karmapa que l’oeuvre de sa vie était achevée et qu’il avait décidé de quitter ce monde. L’un des assistants proche de Jamyang Khyentsé fondit en larmes quand le Karmapa le lui révéla, et c’est ainsi que nous en fûmes informés. Sa mort survint finalement juste après que nous fut parvenu la nouvelle de l’occupation par les Chinois des trois monastères les plus importants du Tibet, Sera, Drepung et Ganden. Que ce grand être, l’incarnation du bouddhisme tibétain, parte au moment même où le Tibet s’effondrait, apparut comme un symbole tragique. 

Jamyang Khyentsé Chökyi Lodrö nous quitta à trois heures du matin, le sixième jour du cinquième mois de l’année tibétaine. Dix jours auparavant, alors que nous faisions toute une nuit de pratique pour prolonger la vie, un violent tremblement de terre avait soudain ébranlé le sol. Selon les sutras bouddhistes, c’est là un signe indiquant la mort imminente d’un être éveillé. 

Pendant les trois jours qui suivirent, le secret absolu fut gardé et l’on ne permit à personne de savoir que Khyentsé était mort. On me dit simplement que son état avait empiré et on me demanda d’aller dormir dans une autre chambre, plutôt que dans la sienne comme j’en avais l’habitude. Lama Chokden, son plus proche serviteur et maître de cérémonie, avait été à ses côtés depuis plus longtemps que tout autre parmi nous. C’était un homme taciturne et sérieux, un ascète. Il avait les yeux perçants et les joues creuses, et son maintien était à la fois digne, élégant et humble. Il était réputé pour son intégrité foncière, son humanité profonde et droite, sa courtoisie de coeur et sa mémoire extraordinaire. Il semblait se rappeler chaque parole de mon maître, chaque histoire qu’il avait racontée, et connaissait les moindres détails des rituels les plus complexes, ainsi que leur signification. C’était également un pratiquant exemplaire et un maître lui aussi. Nous regardions Lama Chokden continuer à porter les repas de mon maître dans sa chambre, mais l’expression de son visage était sombre. Nous lui demandions sans cesse comment allait Khyentsé et recevions pour seule réponse : “Pas de changement.” Certaines traditions insistent sur l’importance, après la mort d’un maître, de garder le secret tant que celui-ci demeure en méditation. Comme je l’ai dit, nous apprîmes donc seulement trois jours plus tard qu’il avait expiré. 

Le gouvernement indien envoya alors un télégramme à Pékin. De là, le message fut transmis au monastère de mon maître au Tibet, où de nombreux moines étaient en larmes car ils savaient déjà - l’on ne sait comment - que celui-ci vivait ses derniers instants. juste avant notre départ du monastère, Jamyang Khyentsé avait fait la promesse mystérieuse de revenir avant de mourir. Et c’est ce qu’il fit. Le Jour de l’An de cette année-là, six mois environ avant sa mort, pendant une danse rituelle, une vision de lui était apparue dans le ciel à plusieurs des moins plus âgés, vision semblable en tout point à ce qu’il avait été. Mon maître avait fondé au monastère un collège d’étude, renommé pour avoir formé certains des plus grands érudits de notre époque. Dans le temple principal se trouvait une immense statue de Maitreya, le Bouddha à venir. Un matin de bonne heure, peu de temps après le Jour de l’An où la vision était apparue dans le ciel, le gardien du temps avait ouvert la porte : Jamyang Khyentsé était assis là, dans le giron du Bouddha Maitreya.

Mon maître expira dans la “posture du lion couché”. Tous les signes attestaient qu’il était toujours en état de méditation, aussi personne ne toucha le corps pendant trois jours entiers. Je n’oublierai jamais l’instant où il sortit de sa méditation : ses narines s’affaissèrent, toute couleur quitta son visage et sa tête tomba légèrement sur le côté. Jusqu’à cet instant, son corps avait conservé un certain maintien, une certaine force et une certaine vie. 

Le soir était tombé quand nous lavâmes le corps, l’habillâmes et le transportâmes de la chambre au temple principal du palais. Une foule de gens s’y trouvaient déjà, défilant autour du temple en signe de respect. 

Un événement extraordinaire se produisit alors. Une lumière incandescente et laiteuse, semblable à un léger brouillard lumineux, apparut et se répandit partout peu à peu. A l’extérieur du temple du palais se trouvaient quatre puissantes lumières électriques. D’habitude, à ce moment de la journée, elles brillaient fortement car il faisait déjà sombre à sept heures du soir. Elles furent cependant éclipsées par cette lumière mystérieuse. Apa Pant, qui était alors en mission diplomatique au Sikkim, fut le premier à téléphoner pour demander ce que cela pouvait bien être. Par la suite, il y eut de nombreux autres appels : cette étrange lumière surnaturelle fut observée par des centaines de personnes. Un des maîtres présents nous dit alors qu’une telle manifestation de lumière indique, d’après les tantras, qu’un être entre dans la Bouddhéité. 

Il avait été prévu, au départ, que le corps de Jamyang Khyentsé serait conservé dans le temple du palais pendant une semaine. mais, très vite, des télégrammes de ses disciples commencèrent à arriver. Nous étions en 1959 et bon nombre d’entre eux, parmi lesquels Dilgo Khyentsé Rinpoché, venaient d’arriver en exil après un long et dangereux périple pour fuir le Tibet. Tous demandèrent instamment que le corps soit gardé plus longtemps afin qu’ils aient la possibilité de le revoir. Nous le gardâmes donc deux semaines de plus. Il y avait chaque jour quatre sessions différentes de prières auxquelles participaient des centaines de moines ; elles étaient conduites par des lamas de toutes les écoles et souvent présidées par les détenteurs des lignées. Des centaines de milliers de lampes à beurre furent offertes. Comme le corps ne dégageait aucune odeur et n’entrait toujours pas dans sa phase de décomposition, nous le gardâmes une semaine encore. Bien qu’en Inde la chaleur soit écrasante en été, les semaines s’écoulaient et le corps continuait à ne présenter aucun signe de dégradation. Finalement, nous gardâmes le corps de Jamyang Khyentsé pendant six mois. Toute une atmosphère d’enseignement et de pratique se développa alors en sa présence sacrée : des instructions que Jamyang Khyentsé avait commencé à donner et qui étaient restées incomplètes à sa mort furent achevées par ses plus anciens disciples et un très grand nombre de moins reçurent l’ordination. 

Nous conduisîmes finalement le corps au lieu choisi par Jamyang Khyentsé pour sa crémation, Tashiding. Situé au sommet d’une colline, c’est l’un des sites les plus sacrés du Sikkim. Tous les disciples s’y rendirent et, bien que la coutume en Inde veuille que les travaux manuels pénibles soient exécutés par des travailleurs salariés, nous construisîmes nous-mêmes le stupa qui devait abriter ses reliques. Chacun d’entre nous, jeune ou vieux, depuis un maître tel que Dilgo Khyentsé Rinpoché jusqu’à la personne la plus ordinaire, porta des pierres au sommet de la colline et participa de ses mains nues à la construction de l’édifice. C’était le plus grand témoignage de la dévotion qu’il inspirait. 

Les mots ne parviendront jamais à exprimer la perte que fut la mort de Jamyang Khyentsé. En quittant le Tibet, ma famille et moi avions perdu toutes nos terres et tous nos bien, mais j’étais trop jeune pour y être attaché. La mort de Jamyang Khyentsé, par contre, fut une perte si immense que je la pleure encore aujourd’hui, après tant d’années. J’avais vécu toute mon enfance dans la clarté lumineuse de sa présence. J’avais dormi dans un petit lit au pied du sien et, durant de nombreuses années, je m’étais éveillé au murmure de ses prières matinales et au cliquetis de son mala - son rosaire bouddhique. Ses paroles, ses enseignements, le rayonnement intense et paisible de sa présence, son sourire, sont pour moi des souvenirs inoubliables. Il est l’inspiration de ma vie et c’est ma présence, ainsi que celle de Padmasambhava, que j’invoque chaque fois que je me trouve en difficulté ou que j’enseigne. Sa mort fut une perte incalculable pour le monde et pour le Tibet. Il était l’âme du bouddhisme. Il me donnait le sentiment - tout comme Dilgo Khyentsé Rinpoché - que si le bouddhisme devait être détruit, il en assurerait à lui seul la pérennité. Avec la disparition de Jamyang Khyentsé, ce fut toute une époque qui disparut - et parfois, me semble-t-il, toute une dimension de connaissance et de pouvoir spirituels. 

Jamyang Khyentsé n’avait que soixante-sept ans lorsqu’il mourut. Je me demande souvent en quoi l’avenir entier du bouddhisme tibétain aurait été différent s’il avait vécu pour en inspirer le développement - en exil comme en Occident - avec la même autorité et le même respect infini pour toutes les traditions et toutes les lignées, qui l’avaient fait tant aimer de tous au Tibet. Parce qu’il était le maître des maîtres et que les détenteurs des lignées de toutes les traditions avaient reçu de lui initiations et instructions et le vénéraient comme leur “maître-racine”, il parvenait très naturellement à les rassembler tous dans un esprit fervent d’harmonie et de coopération. 

Et cependant, un grand maître ne meurt jamais. Jamyang Khyentsé est ici ; il m’inspire alors que j’écris ces lignes. Il est la force, l’âme de ce livre et de tous mes enseignements. Il est le fondement, la base et l’esprit de tout ce que je fais. C’est lui qui continue, au plus profond de moi, à me montrer le chemin. Sa bénédiction et la confiance qu’elle me donne sont toujours avec moi, me guidant à travers toutes les difficultés que je rencontre tandis que j’essaie, de mon mieux, de représenter la tradition dont il était un représentant si sublime. Son noble visage est encore plus présent pour moi aujourd’hui que le visage de tout être vivant, et je vois toujours dans ses yeux cette lumière de sagesse et de compassion transcendantes qu’aucun pouvoir, sur terre ou dans les cieux, ne saurait éclipser. 

Vous tous qui lisez ce livre, puissiez-vous en venir à le connaître quelque peu comme je le connais moi-même, puissiez-vous être inspirés comme je l’ai été par le dévouement de sa vie et par la splendeur de sa mort, puissiez-vous trouver dans son exemple de total dévouement au bien des êtres, le courage et la sagesse qui vous seront nécessaires afin d’oeuvrer à la vérité en cet âge ! 

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