LA MÉDITATION 2

LE COEUR DE LA MÉDITATION

La méditation a pour but d’éveiller en nous la nature semblable au ciel de notre esprit, de nous “introduire” à ce que nous sommes réellement : notre conscience pure et immuable, sous-jacente à la totalité de la vie et de la mort. 

Dans l’immobilité et le silence de la méditation, nous entrevoyons, puis réintégrons cette nature profonde et secrète que nous avons perdue de vue depuis si longtemps, au milieu de l’effervescence et de la distraction de notre esprit. 

N’est-il pas étonnant que cet esprit ne puisse rester en paix plus de quelques instants, sans s’emparer immédiatement de la moindre distraction ? 

Il est tellement agité et préoccupé que nous, habitants des grandes métropoles du monde moderne, ressemblons déjà, à mon sens, aux êtres tourmentés de l’état intermédiaire qui suit la mort : la conscience y est, dit-on, en proie au tourment intense d’une agitation extrême. 

Selon certains experts, jusqu’à 13% des citoyens américains souffriraient d’une forme ou une autre de maladie mentale. Cela en dit long sur notre mode de vie !

Nous sommes fragmentés en une multitude d’aspects différents. 

Nous ne savons pas qui nous sommes vraiment, ni à quelle facettes de nous-mêmes nous devons croire ou nous identifier. 

Tant de voix contradictoires, tant d’exigences et de sentiments se disputent le contrôle de notre vie intérieure que nous nous trouvons complètement dispersés… et notre demeure reste vide. 

Ainsi, la méditation consiste à ramener l’esprit à sa demeure. 

Dans l’enseignement du Bouddha, trois facteurs font toute la différence entre une méditation qui est seulement un moyen de détente, de paix et de félicité temporaires, et une méditation qui peut devenir une cause puissante d’éveil pour soi-même et autrui. 

Nous les qualifions de « bon au début », « bon au milieu » et « bon à la fin ». 

Bon au début naît de la prise de conscience que la nature de bouddha est notre essence la plus secrète, ainsi que celle de tous les êtres sensibles, et que réaliser cela nous libère de l’ignorance et met un point final à la souffrance.

Ainsi, chaque fois que nous commençons notre pratique de la méditation, nous sommes touchés par cette vérité et inspirés par la motivation de dédier notre pratique et notre vie à l’éveil de tous les êtres, dans l’esprit de cette prière que tous les bouddhas du passé ont formulée : 

Par le pouvoir et la vérité de cette pratique, 

Puissent tous les êtres jouir du bonheur et des causes du bonheur ; 

Puissent-ils être libres de la souffrance et des causes de la souffrance ; 

Puissent-ils ne jamais être séparés du grand bonheur dénué de souffrance ; 

Puissent-ils demeurer dans la grande équanimité, qui est libre d’attachement et d’aversion. 

Bon au milieu est la disposition d’esprit avec laquelle nous pénétrons au coeur de la pratique. 

Elle est inspirée par la réalisation de la nature de l’esprit, d’où s’élève une attitude dénuée de saisie, libre de toute référence conceptuelle, et la prise de conscience que toute choses est intrinsèquement « vide », illusoire, chimérique. 

Bon à la fin concerne la façon dont nous concluons la méditation. 

Nous dédions ses mérites et prions avec une réelle ferveur : «  Puisse tout mérite obtenu par cette pratique contribuer à l’éveil de tous, puisse-t-il devenir une goutte d’eau au sein de l’océan d’activité de tous les bouddhas, dans leur oeuvre infatigable de libération de tous les êtres. »

Le « mérite » désigne le pouvoir positif, le bienfait, la paix et le bonheur qui émanent de votre pratique ; vous le dédiez au bien ultime des êtres, à leur éveil. 

Sur un plan plus immédiat, vous l’offrez pour la paix dans le monde, et pour que tous les êtres soient à l’abri du besoin et de la maladie, qu’ils connaissent un bien-être parfait et un bonheur durable. 

Puis, réalisant la nature illusoire et chimérique de la réalité, vous considérez qu’au niveau le plus profond, vous qui dédiez votre pratique, ceux à qui vous la dédiez et l’acte même de dédier sont intrinsèquement « vides » et illusoires. 

Dans les enseignements, ceci est dit sceller la méditation et garantir que son pouvoir, dans toute sa pureté, ne pourra aucunement s’échapper ou se dissiper, et assurer ainsi que le mérite de votre pratique sera entièrement préservé. 

Ces trois principes sacrés - la motivation habile, l’attitude dénuée de toute saisie qui met en sûreté la pratique, et la dédicace qui la scelle - confèrent à votre méditation une réelle puissance d’éveil. 

Le grand maître tibétain Longchenpa les décrivait admirablement comme « le coeur, l’oeil et la force vitale » d’une pratique authentique. 

Et Nyoshul Khenpo en dit : « Pour atteindre l’éveil complet, plus que cela n’est pas nécessaire, mais moins serait insuffisant. »

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